Le fabuleux destin d’Ernestau sein du Club des Lutteurs de Fribourg et Environs
Il était une fois un petit homme devenu un grand sage dans le monde de la lutte suisse. Une véritable « locomotive » pour notre club durant de nombreuses années. Ce petit homme devenu costaud vient de souffler ses 60 printemps. Après de bons et loyaux services, Ernest a décidé cette année de tirer sa révérence en tant que président. Nous souhaitons lui adresser nos plus vifs remerciements en lui rendant ce modeste hommage. Ces quelques lignes ne suffiront bien entendu pas pour résumer et retracer le remarquable parcours d’Ernest en tant qu’athlète et membre à part entière au sein du club. Depuis sa tendre enfance, Ernest est bercé dans un esprit de lutte suisse. Son grand-père ensuite son père et ses oncles étaient déjà des adeptes de ce sport. Cependant, à l’adolescence, c’est la verte pelouse du terrain de foot du FC Matran qui l’attirait. N’habitant non loin de là, il aimait aller taquiner le ballon rond. Une ferveur qui continue de l’animer aujourd’hui encore. Quelques années ont passé et c’est un autre rond finalement qui réussit à le séduire, celui de la sciure. Il fit une 1ère tentative qui resta sans grands effets. Suite à une blessure faite à l’épaule, il a été contraint de laisser la lutte de côté durant quelques mois pour se soigner. Lorsqu’il reprit son 1er entraînement, il se luxa à nouveau cette même épaule. Se trouvant à l’école de recrue, il eut un léger accident qui réveilla son membre douloureux. Après avoir effectué une radiographie, il s’est avéré que l’épaule était en partie déboîtée. Le mal dont souffrait notre jeune lutteur a enfin été soigné correctement et depuis n’a plus jamais fait parler de lui. Particulièrement motivé et fortement encouragé par Pierre Berger et Henri Dévaud ainsi que par Albert Michel, son entraîneur de l’époque, c’est en automne 1966, qu’Ernest reprit sérieusement les entraînements. En 1967, il participa pour la 1ère fois à la fête cantonale de lutte à Chiètres. Dès lors, un incroyable talent allait se révéler pour ce jeune homme de 21 ans plein d’ambition, d’énergie et de combativité. Fêtes après fêtes, les victoires ne cessèrent de s’enchaîner. C’est certain, il était né pour vivre cette passion et l’avait dans le sang. C’est ainsi que commença le fabuleux destin d’Ernest. Nous ne citerons ci-après que quelques mémorables trophées que notre ami Ernest aura collectionné durant son glorieux parcours. Ainsi, le 16 juin 1968, il emporta sa toute 1ère couronne à Cheyres. En 1969, il décrocha la couronne à la Fête romande à Plan-les-Ouates ainsi que son 1er titre de champion fribourgeois à Bossonnens. Puis en juin 1970, Ernest signe son 1er exploit romand à Aigle. Une année plus tard, il obtient sa 1ère victoire alpestre au Lac-Noir. Les 19 et 20 août 1972 resteront historique pour le club. En effet, Ernest entre dans la cour des grands en glanant sa 1ère couronne fédérale à la Chaux-de-Fonds. En 1973, Ernest remporte la victoire à la Fête de l’Innerschweiz. C’est la première fois qu’un lutteur fribourgeois réussit un tel exploit. Après avoir accédé à la 1ère marche du podium à la Fête romande au Grand-Saconnex en 74 ; en août de cette même année, il récolta un 2ème galon fédéral. Le 25 mai 1975, Ernest s’imposa à la Mittellandaise. Puis le 13 juillet, il remporte à nouveau la Fête de l’Innerschweiz. L’année de ses 30 ans, notre lutteur chevronné franchit un palier supplémentaire en inscrivant son nom au livre d’Or de la mythique fête d’Unspunnen. Ce 5 septembre 1976 sera la plus grande performance de sa carrière. En 1977, il réussit de nouveaux exploits en s’imposant à la célèbre fête alpestre de Brünig et en intégrant pour la 3ème fois le peloton des couronnés fédéraux à Bâle. Petite anecdote à la fête alpestre, Ernest s’était déboîté la mâchoire durant un duel. Sans perdre un seul instant, on la lui avait directement remis en place afin qu’il continue les combats et remporter cette extraordinaire victoire. Il empocha en 1979 la Fête de la Nordwest avec six succès. Puis d’autres importants et magnifiques triomphes vont s’ajouter à son palmarès, telles que la fête romande au Mont-sur-Lausanne en 1980 et celle de Neyruz en 1981. Agé alors de 37 ans en cette année de 1983, le « géant » de Posieux décide d’arrêter la compétition à la fin de la saison où il ne manquera pas de remporter encore de nombreux titres et victoires. Il reçut la même année le mérite sportif fribourgeois. Si nous résumons la carrière de notre champion, il a gagné :
Il glana au total 105 couronnes, dont 60 au 1er rang. En 1980 et 1981, Ernest est allé présenter notre sport national en Amérique du Nord et en Afrique du Sud. Il ramena avec lui de belles réussites. Et puis qui, invité ou de passage aux Muéses, n’est pas resté bouche-bée devant l’ampleur de ses trophées, cloches et autres bahuts… Si Ernest a mis un terme à sa carrière de lutteur, il n’a pas moins cessé de donner de son temps, de son énergie et de ses compétences en faveur du club et pour d’autres organisations. En 1970, il entra au comité tout d’abord en tant que chef technique et ceci jusqu’en 1986. Plusieurs responsabilités lui ont été rattachées : le pavillon des prix, la cantine… Depuis 1989, il est notre président. Il est également membre au comité de plusieurs associations et fêtes de lutte : par exemple au CO du Lac-Noir depuis 1979, comité cantonal où il a la fonction de vice-président depuis 2002, membre honoraires au niveau romand et fédéral. Le rendez-vous dominical des abonnés des fêtes de lutte se faisait chez lui comme accoutumé. Le pas de porte de l’écurie était le passage obligé pour saluer Ernest qui, entre deux traites et trois fourchées, arrivait toujours à nous démonter un Tätsch, un magistral Gammen ou une autre spécialité. C’était toujours avec l’esprit tout ragaillardi et avec parfois des habits un peu embellis que l’on repartait témérairement reproduire ses enseignements aux fêtes de lutte. Ernest quitte la présidence du club, toutefois il désire continuer à s’occuper du pavillon des prix de la fête du Lac-Noir et à apporter son soutien pour les prochaines fêtes. Nous le savons, ses capacités et son savoir-faire sont reconnus et fort appréciés au-delà de nos frontières. Ernest, ce soir nous souhaitons tous te remercier chaleureusement pour ton admirable parcours de lutteur, pour ton incroyable et éternel dévouement pour le club, pour ton exemplarité et ta grande humanité. Faisons-lui ovation !
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